C’était un défi de choisir cette baie, au pied du Cotentin, où les immenses marées créent le paysage. Un lieu unique de rencontre de la mer, du sable et de la terre, changeant tout au long du jour, au gré de l’avancée ou du retrait des eaux. Paysages mouvants où des bancs de sable s’allongent sans fin puis disparaissent et où une multitude de rivières éphémères jaillissent et s’évanouissent. Selon les jours et les heures, d’irréelles écharpes de brume s’échappent, de fabuleuses lumières, ciels et nuages, jouent sans cesse et animent l’immensité. Immensité sauvage qui sidère : la beauté nue.

C’était un défi que de bâtir sur ce minuscule rocher émergeant à peine des flots. D’abord une église sur un antique lieu de pèlerinage, puis une abbaye, un des plus purs chefs d’œuvre de l’époque gothique. La « Merveille » désigne la partie Nord de l’édifice construite au XIIIème siècle. Ce nom va à ravir à toute l’abbaye et pourrait s’appliquer à l’ensemble du Mont tant on relève un ordonnancement parfait du patrimoine architectural, auquel participent remparts et tours, abbaye, église et chapelle, habitations classées et jardins protégés.

C’était aussi un défi de conserver ce bijou venu d’un autre temps sans que le tourisme ne vienne trop altérer son authenticité, son charme qui a tant inspiré artistes peintres, romanciers et poètes. Les importants travaux en cours (désensablement, création d’un pont passerelle, déplacement du parking) s’inscrivent pour relever ce défi qu’est la conservation de ce patrimoine d’exception (classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979). Pour que l’image de la silhouette du Mont sortant des dunes et des flots nous émerveille longtemps encore…
Photos: ©Mathilde Mochon, ©Th. Houyel - CDT50

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