Dijon, Beaune, Côte d'Or, Nièvre, Saône-et-Loire et Yonne
La Bourgogne occupe une position privilégiée entre le bassin parisien et le sillon rhodanien, entre l'Europe du Nord et les pays méditerranéens.
Carrefour de routes et de voies d'eau, elle fut un centre d'échanges commerciaux, ce qui lui valut une richesse précoce. C'est une mosaïque de régions aux riches productions qui en font un des hauts lieux de la gastronomie française, son nom est synonyme de vins mondialement réputés et de très grandes tables. La Bourgogne est également fière de posséder un patrimoine artistique d'une richesse exceptionnelle, attestant qu'elle fut le bastion avancé de la chrétienté, et de rappeler son passé glorieux, au temps des Grands Ducs de Bourgogne, conquérants et mécènes, "européens" avant l'heure.
La Bourgogne fut habitée dès l'aube de l'humanité, au paléolithique inférieur, comme le prouvent les squelettes d'animaux et les outils retrouvés dans différentes grottes de la région. Occupée par les Celtes, elle devint pendant plusieurs siècles une active province gauloise grâce au commerce avant d'être le théâtre de la célèbre bataille d'Alésia perdue par Vercingétorix (52 av.JC), un des tournants de l'histoire de France. A la chute de l'empire romain, la région fut envahie par les Burgondes. L'histoire de la Bourgogne, l'un des plus puissants duchés, est dès lors une suite d'affrontements contre les rois, mérovingiens puis capétiens. Le Grand Duché connut son apogée au XIVème siècle sous Charles le Téméraire, personnalité hors du commun, à la fois visionnaire ambitieux, guerrier, érudit et mécène. A la fin de son règne il avait constitué un véritable Etat comprenant l'actuelle Bourgogne, la Franche-Comté, l'Alsace, la Lorraine, le Luxembourg, l'Artois, la Picardie, la Belgique et les Pays-Bas. On peut dire qu'ici fut conçu le premier grand dessein européen, lequel était respectueux des différences de cultures et de langues.
Terre de passage la Bourgogne fut un des socles de l'expansion du christianisme. Les abbayes jouèrent un rôle actif. L'instabilité du pouvoir provoqua un élan mystique et une recrudescence des vocations religieuses. L'abbaye de Cluny, indépendante du pouvoir politique car directement rattachée au Saint-siège - ce qui la fit appeler la "seconde Rome" - se trouva à l'avant-garde d'un puissant mouvement. Chaque abbaye obéissant à la règle de St-Benoît se devait d'en créer de nouvelles : près de 1500 abbayes virent le jour en deux siècles. Plus tard, un abbé, Bernard de Clairvaux, réagit contre le relâchement des moines bénédictins et créa, à l'abbaye de Cîteaux, l'ordre cistercien, d'une rigueur extrême. Son ordre prospéra. Lui-même, érudit et philosophe, joua un rôle politique de premier plan. La Bourgogne compte ainsi un nombre considérable d'édifices religieux, parmi lesquels l'église de Vézelay, un des plus extraordinaires joyaux de l'art en France. Sur sa "colline éternelle", cet édifice dédié à Marie-Madeleine, dans lequel la lumière est admirablement maîtrisée, fut pendant des siècles le point de rassemblement le plus important des pèlerins qui se lançaient sur les chemins de St-Jacques-de-Compostelle.
C'est à partir de l'an mille que l'art roman se développa, à l'instar de Cluny et Cîteaux, dans des centaines d'édifices, bénéficiant d'une période de prospérité. En Bourgogne on ne compte pas les portails, chapiteaux, tympans sculptés, peintures murales qui atteignent au sublime. Il en fut de même lorsque la croisée d'ogives apparut au XIIème siècle et que l'architecture s'allègea. Les cisterciens furent à la pointe des innovations du gothique. Sous les Grands ducs de Bourgogne, Philippe Le Bon, Philippe le Hardi, Charles le Téméraire la province connut, grâce au mécénat, un rayonnement artistique unique en Europe. Les sculpteurs et les peintres venus des Pays-Bas participèrent à la création du mouvement de "l'école bourguignonne" dont l'influence fut importante. L'architecture civile ne fut pas en reste. Pour preuve des édifices remarquables, tel l'Hôtel-Dieu de Beaune, aux célèbres tuiles vernissées, merveille du gothique flamboyant, établissement destiné à accueillir les malades démunis. Une visite de la Bourgogne ne saurait oublier les châteaux : il en subsiste un grand nombre à travers toute la région, du château fort médiéval à la splendide demeure Renaissance, témoins de l'histoire bourguignonne.
Les terroirs, on l'a dit, sont divers. Le découpage s'effectue en fonction des reliefs et des vallées car la région est un carrefour de voies d'eau. La Seine, l'Aube et l'Yonne, son affluent l'Armançon, y prennent leur source. La Loire et la Saône la bordent. Au Nord, aux marches de l'Ile-de-France, voici l'Auxerrois entouré du Sénonais, du Pays d'Othe, de la Puisaye et du Tonnerrois ; le Morvan, montagne aux sommets de faible altitude, véritable château d'eau de la Seine ; à l'Ouest, entre Loire et Yonne, le Nivernais et le Bazois, paysages de collines et plateaux ; à l'Est, l'Auxois pays d'élevage bovin. La célèbre Côte et son vignoble, aux portes de Dijon, représentent le dernier gradin au dessus de la plaine de Saône, prolongée au Sud par le Mâconnais et le Beaujolais, eux aussi pays de vignes. Sur la rive droite de la Saône le Charolais, sur la gauche la Bresse bourguignonne, deux pays d'élevage, le premier de la célèbre race bovine, le second de volailles réputées.
Personne ne nous contredira, s'il est un art qui atteint au sublime en Bourgogne, c'est celui de la table ! N'a-t-on pas écrit que les Bourguignons avaient la réputation d'être toujours "prêts à festoyer" et à faire partager leurs plaisirs ? De nombreux récits décrivent les banquets copieux servis chez les Grands ducs, arrosés des crus les plus fameux. Une tradition de grande gastronomique s'est prolongée jusqu'à nous et la région compte plusieurs chefs talentueux. Dans ce pays de cocagne, ils disposent des meilleurs produits de terroirs généreux, viandes du Charolais, volailles et grenouilles de Bresse, escargots de Bourgogne, mais aussi gibiers, poissons de rivières, moutarde, pain d'épices, cassis, fromages, etc.
De nombreux témoignages, écrits ou légendes de ce pays gourmand tournent autour de la gastronomie. L'anecdote rappelle même que les monastères possédaient des enclos pour élever les fameux gastéropodes et faciliter le ramassage. Que dès le XVIIème siècle vinaigriers et moutardiers bourguignons fondèrent une association pour garantir et perpétuer la qualité de leurs produits. Que ce sont les moines de l'abbaye de Cîteaux qui cultivèrent les premiers le cassissier. Et que ce sont des cafetiers de Dijon qui lancèrent le ratafia de cassis. Les recettes d'origine locale abondent et rempliraient des chapitres de livres de cuisine. Ici la gourmandise n'est pas un péché…
La Bourgogne et son vin forment un couple indissociable. On trouve la trace de la culture de la vigne et de la production de vins dans la région dans des écrits du IIIème siècle et on sait que les clos, caractéristiques de la viticulture bourguignonne, datent du Haut Moyen-Âge. Substance à forte symbolique chrétienne, le vin bénéficie alors de l'essor des ordres bénédictins et cisterciens nés sur ces terres. Les premiers créèrent le Clos Vougeot, les seconds le Chablis. Tous les hauts personnages, à toutes les époques, papes, rois, évêques et seigneurs appréciaient les grands vins bourguignons ! Ainsi le médecin Fagon prescrivait-il à Louis XIV du "vin vieux de Bourgogne" pour fortifier le souverain déclinant et on rapporte que la Pompadour raffolait du Romanée-Conti. Sous la Révolution, un député inventa, pour le nouveau département, le nom de Côte d'Or, en hommage à la couleur de ses vins. Quant à Alexandre Dumas il écrivit que "rien ne fait paraître l'avenir couleur de rose comme de regarder à travers un verre de Chambertin" !
En Bourgogne, une confrérie a conquis ses lettres de noblesse non sur les champs de bataille mais dans l'art de la dégustation, c'est celle des chevaliers du Tastevin, mondialement connue. Chaque année, au cours de chapitres, les nouveaux chevaliers sont intronisés en présence d'un grand chambellan et des dignitaires de l'ordre, selon un rituel traditionnel. De même se tient, sous la halle médiévale de Beaune, la vente aux enchères annuelle des vins des Hospices de Beaune, la plus internationale et la plus célèbre des ventes de charité, au profit de l'hôtel-Dieu de la ville et de la modernisation des hôpitaux.
Devant une telle diversité pas étonnant que les thèmes des manifestations bourguignonnes s'inspirent largement des traditions locales et des diverses productions agricoles de la région. Les plus nombreuses sont évidemment les fêtes des produits du terroir, les journées gourmandes (pain d'épice, marrons, escargots, etc), les rencontres gastronomiques (y compris médiévales), les vinées et fêtes des vins propres aux différents crus. S'y ajoutent tout naturellement des processions en l'honneur de St-Vincent, patron des vignerons. Le vin encore, toujours et partout…
Hôtels et chambres d'hôtes en Bourgogne