Nancy, Metz, Strasbourg, Colmar et Mulhouse

une villa en AlsaceLa Lorraine et l’Alsace sont des terres de passage profondément marquées par leur histoire, des terres de mémoire, qui ont réussi à surmonter de terribles épreuves avec une grande force, mais aussi des terres de rencontre, creuset de civilisation.

Dans ces régions à la forte identité les traditions ont été conservées avec passion ; chaque ville, chaque terroir est riche de ses différences, de ses particularismes, fier de son authenticité et de son patrimoine. Il fait bon y découvrir une nature généreuse, une grande diversité de paysages, des montagnes à dimension humaine, des rivières aux gracieux méandres, des forêts cathédrales, des vignes de coteaux travaillées comme des jardinets et de ravissants villages aux maisons fleuries, sorties tout droit des contes pour enfants…

La géographie est contrastée. Le massif des Vosges offre des belvédères uniques sur les plateaux lorrains découpés en belles vallées et sur la plaine d’Alsace bordée par le Rhin. Le grand fleuve a enrichi les terres par ses alluvions et facilité le développement du commerce entre les pays riverains. C’est un véritable mythe qui a nourri l’imagination des hommes sur ses deux rives et inspiré conteurs et poètes, tel Apollinaire évoquant dans ses poésies rhénanes la légende de la belle Lorelei, la « sorcière aux yeux pleins de pierreries ». On a même écrit que, depuis des millénaires, la plaine et le fleuve se contemplent et forment le plus épris des couples ! Les grandes villes d’Alsace se sont tout naturellement développées dans cette plaine, dont la métropole, Strasbourg, siège du Parlement européen est le premier port fluvial français.

En Alsace on rénove et on construit, encore aujourd’hui, dans ce style si particulier qui ravit les visiteurs. C’est le pays des belles maisons à colombages en pans de bois garnis de torchis aux couleurs claires, finement décorées. On ne se lasse pas de contempler les détails de ces habitations bien entretenues, aux balcons ouvragés, abondamment fleuris en été, aux toits pentus faits de tuiles plates, aux pignons à volutes, aux « oriels », fenêtres à encorbellement sculptées, aux enseignes d’artisans ou de vignerons d’antan… Marque d’attachement au passé, on découvre parfois des inscriptions gravées avec le nom du propriétaire, la date de la construction et des formules pieuses destinées à conjurer le mauvais sort. Cela nous rappelle que la province fut convoitée de tous temps, pour preuve les vestiges de fortifications et des tours. Dans le même but d’assurer la protection des habitants, le pays se montra innovateur en matière d’alliance : dès le Moyen-Âge dix villes signèrent un pacte perpétuel d’assistance mutuelle pour faire face aux dangers du temps, la « décapole ».

La fameuse « route des vins » permet de bien découvrir les paysages, les villages et les bourgs. Elle serpente à travers les parcelles de vignes qui garnissent les collines sous-vosgiennes, à l’abri des vents d’Ouest sur des balcons ensoleillés. Tout tourne autour du vin, les paysages, les localités, les habitations, l’activité économique, les réjouissances. Une civilisation de la vigne s’est constituée, depuis des siècles. Ce vignoble produit les vins d’Alsace réputés - particulièrement les blancs - à partir d’une gamme de cépages variés, sylvaner, gewurztraminer, pinot noir, tokay pinot gris, riesling, muscat. Cette production s’attache à la recherche de la qualité, une confrérie fut créée dès le XIVème siècle dans ce but. Héritière de ce passé, la confrérie de St-Etienne est aujourd’hui très active et décerne des distinctions enviées aux vins incarnant le mieux la qualité et la typicité des cépages alsaciens. Sa devise « Nul ne peut être confrère de St-Etienne s’il n’aime la bonne chère et les vins d’Alsace » est une belle profession de foi…

La Lorraine nous invite à nous replonger dans l’histoire. L’origine de cette province remonte au IXème siècle quand l’empire de Charlemagne fut partagé entre ses trois fils et son annexion par la France ne devint définitive qu’après le décès, sous Louis XV, du duc de Lorraine, Stanislas. Cet ancien roi de Pologne, travailla avec passion à l’embellissement de sa capitale, Nancy ; nous lui devons la magnifique place Stanislas inscrite au Patrimoine mondial de l’humanité. Autre trésor du patrimoine, la cathédrale de Metz, appelée la « lanterne du Bon Dieu », l’une des plus belles de France riche de plus de 6000 m2 de vitraux. Dans ce riche patrimoine architectural on retrouve diverses influences, italiennes, allemandes et française. Il en est de même de l’Alsace où le gothique atteint au sublime avec la cathédrale de Strasbourg, bâtie en grès des Vosges, au portail central si extraordinairement décoré. Quant à la ville de Colmar, elle s’enorgueillit de posséder (au musée d’Unterlinden) le très célèbre retable d’Issenheim du XVIème siècle.

La Lorraine est très réputée pour ses métiers d’art, très tôt a été maîtrisée ici l’alchimie de la terre, du feu et de l’eau. La verrerie et la cristallerie (Baccarat, Saint-Louis…) jouissent d’une notoriété ancienne que les maîtres verriers contemporains perpétuent en créant leurs chefs d’œuvre, taillés à la main. Sarreguemines s’honore d’être la capitale de la faïence et Longwy celle des émaux (St-Jean-l’Aigle). Les faïenceries de Lunéville sont très engagées dans l’art nouveau. Dans les différents ateliers, artistes-artisans sont les meilleurs conteurs de leur art et de leurs splendides créations. L’art de la broderie perlée a excellé à Lunéville et à Mirecourt, la capitale de la lutherie française (violons, violoncelles, guitares…). Epinal, la « cité de l’image » depuis des siècles, possède des ateliers artisanaux et un passionnant Musée de l’Image qui présente la création et la diffusion des images populaires du XIXème siècle à nos jours.

Pays de belles forêts, le massif des Vosges perpétue la tradition de la papeterie, dont celle d’Arches créée il y a cinq siècles. Elle appartint à Beaumarchais qui fit imprimer les œuvres complètes de Voltaire. Une autre activité économique fort ancienne, celle de l’industrie textile, implantée au XVIIIème siècle, se spécialisa longtemps dans le linge de maison. Ces activités profitèrent de la force motrice produite par les rivières dévalant du massif vosgien. Cette montagne est un château d’eau mais qui se veut modeste. Pas de hauts sommets ou de pics, des formes douces, arrondies ; d’ailleurs les sommets s’appellent des ballons. L’altitude reste moyenne ce qui rend la montagne attractive pour diverses formes de tourisme en toutes saisons. Les paysages ont tout pour plaire : belles forêts de sapins, épicéas et hêtres, nombreux lacs enchâssés dans le massif, pâturages en été, domaines pour le ski de fond en hiver. Les eaux des Vosges sont réputées et le thermalisme important avec plusieurs grandes stations, Vittel, Contrexéville, Plombières, Bains-les-Bains, etc. Autant de noms qui évoquent d’agréables lieux de cure et de délassement, très prisés depuis les temps les plus lointains, époque romaine, Moyen-Âge, second Empire, jusqu’à nos jours.

Les terres de Lorraine furent le théâtre des batailles les plus meurtrières de la Grande guerre de 1914-18. Près de Verdun, les troupes allemandes et françaises s’affrontèrent pendant 18 mois dans des combats d’une violence inouïe qui firent près de 800 000 morts. Les paysages portent encore les stigmates des batailles. Plusieurs lieux de mémoire (musée, mémorial, forts, ossuaire et cimetières..) nous rappellent cette tragédie et l’héroïsme des combattants. A propos d’héroïsme, on se doit d’évoquer le souvenir d’une jeune lorraine qui au XIVème siècle connut un destin exceptionnel, Jeanne d’Arc, née à Domrémy. Convaincue d’une mission divine, elle obtint du gouverneur quelques compagnons d’armes pour se lancer dans la lutte afin de « bouter les Anglais hors du royaume de France » et sauver le roi. Cette terre a donné à la France une des plus grandes héroïnes de son histoire. Certainement la plus populaire.

L’Alsace et la Lorraine restent des régions de fortes traditions. Dans de nombreux domaines. Le particularisme alsacien se manifeste à travers la langue qui fut longtemps le parler de tous les jours et avec des costumes typiques que l’on sort des armoires les jours de fête. Le dessinateur Hansi popularisa l’image des jupes rouges et des bonnets noirs à grand nœud pour les femmes et du gilet rouge porté sous une veste noire pour les hommes. Les Alsaciens restent toujours attachés à un oiseau, la cigogne, qui chaque printemps revient nicher sur les clochers des églises et les hautes toitures. Symbole de la région, le bel échassier portait bonheur disait-on et tous les enfants avaient l’explication concernant la naissance des bébés : ils arrivaient portés par une cigogne. En Lorraine, le souvenir de Saint-Nicolas reste vivace : on lui attribue la résurrection de trois enfants et, comme dans les pays nordiques, il se confond dans l’imaginaire avec le Père Noël, généreux dispensateur de cadeaux aux enfants.

Les régions d’Alsace et Lorraine ont su se doter de musées présentant ces produits ou traditions et de multiples routes ou itinéraires thématiques pour satisfaire la curiosité des visiteurs. Les fêtes traditionnelles connaissent un fort engouement : fêtes des vins, de la mirabelle, du sapin de Noël (qui aurait été inventé ici vers 1’an 1600), des ménétriers, des jonquilles, du houblon, de la choucroute, etc, ainsi que les célèbres marchés de Noël.
La gastronomie régionale possède une solide réputation. Avec ses mirabelles, cerises et framboises la Lorraine produit des alcools blancs réputés. Les Vosges est un pays de fromages, Munster côté alsacien, géromé sur le versant lorrain. L’Alsace, outre ses vins déjà évoqués, est une grande brasseuse de bières grâce au houblon et à l’orge de la plaine. Le plat régional les plus connu est sans conteste la choucroute, dont celle de Strasbourg particulièrement réputée, comme les jambons, charcuteries et foies gras. La Lorraine propose sa potée, un pot-au-feu où le bœuf est remplacé par des saucisses et du lard, et sa célèbre quiche. Au niveau des desserts le « kougelhof » est la vedette alsacienne, comme le macaron de Nancy (ville des sœurs Macaron), la madeleine de Commercy, les dragées de Verdun et la glace de Plombières. Qualité de la table, de l’accueil complètent les multiples attraits de ces dynamiques régions au cœur de la construction européenne.

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