J'ai navigué avec Gilles Lamiré, skipper du trimaran Défi Saint-Malo Agglo

Gilles Lamiré skipper de Défi Saint-Malo Agglo, arrivé second de la Suébec Saint-Malo 2012J'ai navigué avec Gilles Lamiré, skipper du trimaran Défi Saint-Malo Agglo, arrivé second de la transat Québec Saint-Malo en 2012

Je l'avais vu à la TV à l'arrivée de la transat : il était transporté de joie d'être second et il parlait de la descente du Saint-Laurent avec des yeux remplis de lumière. J'ai toujours été impressionnée par les femmes et les hommes qui font des choses exceptionnelles et qui savent rester simples et je l'ai été encore plus, quand on m'a proposé d'aller naviguer avec lui sur son trimaran.

Le trimaran est un bâteau anormal : Défi Saint-Malo Agglo mesure 60 pieds de long, 40 de large, il a un mât énorme de 28m50, une formule 1 des mers qui bondit dès qu'on hisse les voiles, où le flotteur au vent vole au-dessus des vagues quelle que soit l'allure et qui donne l'impression de glisser au-dessus de l'eau. Le trimaran tient autant de la prouesse technologique pour tenir le coup par gros temps, que de la prouesse tactique du skipper, également par gros temps.

Gilles Lamiré explique que lors de la Québec Saint-Malo, il a du affaler complètement les voiles car le vent avait forci jusqu'à 55 noeuds, et que sa poussée sur le mât suffisait à le faire avancer à une vitesse incroyable, il a eu peur que le bâteau ne se retourne.

En arrivant à Cancale Port Mer ce jour-là, avec mes quelques traversées en 4.70 pour expérience, j'étais intimidée. Pas très longtemps du reste car lorsque nous nous sommes installées à table pour déjeuner sur la terrasse du restaurant face à la plage, on est venu nous prévenir que Gilles Lamiré était en train de déjeuner à quelques mètres. Mon interlocutrice a bondi de sa chaise 'Viens, viens, on va lui dire bonjour' qui m'a prise de court et a eu raison de ma timidité : Gilles Lamiré est un homme agréable, qui aime faire découvrir ce qu'est un multicoque de course. 'J'aime bien sortir avec les gens, ces bâteaux coûtent énormément d'argent, 100 000€ juste pour les voiles de Défi Saint-Malo Agglo, c'est normal de partager et donner la possibilité aux gens de naviguer dessus.'

Un trimaran de course est un bâteau construit pour aller vite et loin, et uniquement pour ça. Pour monter à bord, il faut se mettre debout sur le bord de l'annexe et sauter le plus vite possible sur le pont, en ayant la ferme intention de ne pas tomber à l'eau. La coque centrale étroite est d'un confort minimaliste, juste la place pour les appareils de bord, trois couchettes, et quelques rangements : pas de cuisine, de salle de bains ou de toilettes. C'est sur le pont qu'on est bien, sur la coque ou sur les filets qui assouplissent les pas, comme en apesanteur.

Gilles, Nils et Simon commencent à hisser la grand' voile, à la force des bras : 200m2 de toile épaisse. A trois, l'opération prendra un quart d'heure : 'Tout seul en mer, ça prend une demi heure et quand on a fini, on est rincé'. Dès la sortie du mouillage, le bâteau prend rapidement de la vitesse, évidemment, j'ai froid. On me donne une tenue de marin, salopette immense en caoutchouc et ciré au look improbable, pour couper le vent. Fagotée à l'as de pique, j'imagine la course au large dans ces lourds vêtements, onze jours non stop pour la Québec Saint-Malo de Gilles Lamiré.

Vent arrière, cap sur Granville avec la silhouette du Mont saint-Michel qui se découpe sur le côté, le trimaran prend sa vitesse de croisière : au loin une voile se détache, on distingue un spinaker, c'est un monocoque, juste le temps d'en parler et on le dépasse en le laissant sur place, échange de salut de la main, c’est l’usage en mer.

Nils à la barre, grand soleil et mer calme, Gilles Lamiré vient s'asseoir à côté de nous et nous parle de sa passion de la course : "En course, il y a deux choses essentielles : d'abord bien se nourrir et ensuite dormir 5 heures par 24 heures. En solitaire, on dort par session de 20 minutes, il faut faire 20 sessions de 20 minutes. Parfois je me dis que c'est fou, on prend des risques financiers énormes, on prend des risques physiques et corporels, pour vivre dans l'inconfort le plus complet, pourquoi ? Parce qu'on aime l'aventure. La mer, c'est l'école de la vie, ça peut être l'enfer ou ça peut être le paradis, et aujourd'hui, c'est le paradis."

Gilles Lamiré, skipper du trimaran Défi Saint-Malo-Agglo est arrivé second de la transat Québec Saint-Malo 2012. Il prépare le Tour des Princes (tour de l'Europe en multicoques en juin 2013), la Transat Jacques Vabre en octobre 2013 et la Route du Rhum en octobre 2014. Contact sponsors et sorties en mer avec Gilles Lamiré (06.46.48.76.35 ou lamiregilles[at]yahoo.fr)
Biographie, en savoir plus
Photos © Yolaine Provost-Gauthier
Comité du Tourisme de Haute-Bretagne Ille et Vilaine (http://www.bretagne35.com/)

par Isabelle Brigout

Boutique hotels et chambres d'hôtes déco en Bretagne, hôtels d'affaires et lieux de séjours atypiques