Tours, Chinon, Amboise, Chenonceau, Chambord, Blois

Val de Loire"La Loire est une reine et les rois l'ont aimé". Ces mots traduisent bien l'originalité de cette région du val de Loire, ses châteaux.

Venu du Sud le fleuve infléchit sa direction vers l'Ouest en dessinant un bel arc de cercle, au coeur d'une mosaïque de terroirs, de vastes plaines, de forêts et d'étangs. Les rois de France choisirent ces bords de Loire pour édifier les plus splendides demeures. Ici point de forteresses hérissées des mille inventions de guerre, des châteaux de plaisance aux façades percées de larges fenêtres, entourés de jardins, des bassins et parterres fleuris, des donjons et fossés conservés à des fins ornementales. La Loire et ses affluents sont autant de miroirs pour mettre en valeur ces trésors de la Renaissance. Ici l'art atteint sa plénitude.

C'est à partir du pays de Gien que le Val de Loire s'épanouit pleinement. Là se rejoignent le canal de Briare et le canal latéral à la Loire qui rappellent le passé marinier du fleuve. Le château de Sully jaillit de ses douves, comme annonciateur de tant d'autres merveilles en aval. Là où la Loire change de cap, s'incurve vers l'Ouest, est bâtie Orléans ville chargée d'histoire. Son nom évoque d'abord le souvenir de Jeanne d'Arc, l'héroïne d'un des plus grands épisodes de sursaut national. Orléans ville d'horticulture et de pépiniériste, surnommée la "cité des roses" et justifiant l'appellation de "jardin de la France". Au Nord le Gâtinais et les plaines fertiles de la Beauce. Au Sud, la Sologne, pays de forêts et d'étangs, paradis des chasseurs et des promeneurs en quête de tranquillité.

"Le long du coteau courbe et des nobles vallées
Les châteaux sont semés comme des reposoirs,
Et dans la majesté des matins et des soirs
La Loire et ses vassaux s'en vont par ses allées."
(Charles Péguy)

C'est à partir de Blois qu'on découvre les plus beaux châteaux. Blois, représente le triomphe de la mode italienne dans l'art décoratif. Chambord, le plus vaste – celui qui annonce Versailles – est la plus prestigieuse création de François 1er. Cheverny, possède une majestueuse façade, d'un ordonnancement parfaitement symétrique. Villandry, le dernier bâti, d'incomparables jardins. Azay-le-Rideau, sur l'Indre, une élégance rare dans son paysage d'eau et de verdure. Chenonceau, sur le Cher, un passé qui rappelle des femmes célèbres, reines ou favorites. C'est dans la puissante forteresse de Chinon, sur les bords de la Vienne, que Jeanne d'Arc se présenta à Charles VII pour sauver le royaume. Plusieurs autres châteaux, Chaumont, Langeais, s'égrènent sur les berges du fleuve. Un chapelet exceptionnel de trésors associés à l'histoire de France.

Avec la Cour de France le Val de Loire devint le foyer culturel d'excellence, le centre du bon goût et de l'élégance, notamment lors de son apogée, sous le roi François 1er. Les visites royales et princières, les victoires militaires, les naissances royales y étaient fêtées avec faste. Les chasses à courre complétaient le tableau des réjouissances des princes et des rois. La Cour mit en place un véritable code de courtoisie et des mondanités, recevant les intellectuels, les écrivains, les artistes et les savants. Rien d'étonnant à ce que le Val de Loire ait joué un rôle aussi important dans notre littérature. Y ont vu le jour le "prince des poètes", d'origine vendômoise, Ronsard, Joachim du Bellay, les auteurs de la Pléiade. Pas étonnant également que les rois de France aient pu attirer les grands génies italiens de la Renaissance. Le plus célèbre d'entre eux, Léonard de Vinci, invité par François 1er, s'installa dans le manoir de Clos-Lucé, près d'Amboise et y finit ses jours. Le peintre-sculpteur-architecte-écrivain-musicien-ingénieur-inventeur génial organisa des fêtes somptueuses pour son mécène le roi. On rapporte que pour étonner les courtisans, il fit fabriquer un lion qui marchait et dévoilait des fleurs de lys dessinées sur sa poitrine. Léonard de Vinci conçut de vastes plans d'aménagement à portée économique et c'est lui qui souffla au roi l'idée - et peut-être esquissa les plans - d'un grandiose château, celui de Chambord.

A ce patrimoine riche en châteaux la Renaissance a ajouté des splendides demeures privées (ainsi l'hôtel Toutin à Orléans et l'hôtel Gouin à Tours), en hôtels de ville (Orléans, Beaugency, Loches, etc.) et en jardins (Villandry mais aussi Amboise, Blois, etc.). En matière de patrimoine religieux, plusieurs églises et cathédrales méritent une visite. L'une d'entre elles, aux confins de l'Ile-de-France, mérite une place à part, c'est la cathédrale de Chartes, l'une des plus prestigieuses de France. La plus parfaite en homogénéité gothique, car elle fut construire en 25 années seulement. Dédiée à la Vierge, elle compte plus de 4000 figures sculptées et 5000 personnages dans ses célèbres vitraux qui forment, avec ceux de Bourges, la plus importante collection de France. Certaines couleurs tiennent du merveilleux, tel le "bleu de Chartres" si puissant dans la lumière du soleil couchant. Les célèbres flèches de la cathédrale, que l'on aperçoit de fort loin dans la campagne beauceronne, furent et sont encore à certaines dates, le point de ralliement de nombreux pèlerins.

Sauf en périodes de crues, au printemps, la Loire coule paisiblement, se fait langoureuse en Touraine. Elle décrit de gracieux méandres entre des îlots piquetés de boqueteaux et des bancs de sable clair. A chaque saison, à chaque heure du jour, se compose dans l'instant un paysage nouveau où le ciel et la lumière rencontrent l'eau et la terre. Ces horizons calmes, ces lumières et ces ombres subtiles, cette douceur qui semble éternelle ont été chantées par les poètes et ont inspiré les peintres. Parmi ceux-ci l'anglais Turner qui en 1826 remonta le fleuve de Nantes à Orléans et réalisa une série de tableaux et croquis extraordinaires de poésie et de réalisme. Un reportage sur les paysages du fleuve, ses rives, les ponts, les gabarres et les activités fluviales, les quais et les ports, les villages, les villes, les châteaux. Un précieux témoignage de la vie au XIXème siècle.

Un de nos écrivains les plus importants et des plus pittoresques par ses récits est sans conteste un enfant du pays, Rabelais, né près de Chinon, à la fin du XVème siècle. A travers les aventures de deux de ses personnages truculents, Pantagruel et son père Gargantua, il nous livre ses idées philosophiques et religieuses. Moine bénédictin et médecin réputé, très attaché à son pays d'origine, Rabelais le mit en scène dans certains épisodes, comme la guerre "picrocholine" dans laquelle il fustige le goût des conquêtes. Son œuvre marqua les esprits et ses expressions demeurent : on parle toujours de repas "pantagruéliques" ! Rabelais fut notre premier grand "seigneur de la langue". D'autres grands écrivains ont remarquablement mis en scène leur pays d'origine. Balzac fut un remarquable narrateur de la vie tourangelle. Charles Péguy, célébra sa ville, Orléans, la Beauce et Jeanne d'Arc. Marcel Proust, aux origines beauceronnes, s'en inspire dans "A la recherche du temps perdu". Alain-Fournier le solognot y situe son oeuvre de référence "Le grand Meaulnes". Maurice Genevoix fut un merveilleux narrateur de son pays. Peu de régions inspirèrent autant d'écrivains. Ajoutons pour l'anecdote que le parler du val de Loire passe pou être le plus pur de France, et l'accent le meilleur !

Au pays de Gargantua il est de bon ton de "bien se tenir à table". Personne ne démentira ce propos. Dans ce jardin, sur cette terre féconde, le bien-vivre se décline sur tous les modes, notamment gastronomique grâce à d'excellents produits du terroir. Les autochtones disent que celui qui n'a pas connu un repas de retour de chasse en Sologne, de fin de vendanges en Touraine ne peut pas bien connaître le pays ! Sur les étals des maraîchers de la région figurent les meilleurs légumes, en particulier l'asperge, production réputée des terres sableuses de la région, la pomme de terre "belle de Fontenay", les lentilles du Berry tout proche, de nombreuses variétés de champignons, dont le gros blond de Touraine. Le temps n'est plus où l'on rémunérait les ouvriers en saumons de la Loire mais du fleuve proviennent toujours sandres, anguilles, brochets, lamproie et fritures de goujons, des étangs solognots et de la Brenne les carpes et différents autres poissons.

La région est également célèbre pour ses volailles et ses charcuteries, ses rillettes et rillons. L'andouille de Jargeau a sa "Confrérie du goûte-andouille" et ses fêtes. La gigue de chevreuil est le fleuron de la cuisine solognote. Dans la production fruitière l'Orléanais est réputé pour ses poires Williams à partir desquelles est produite l'eau-de-vie d'Olivet. Parmi les spécialités fromagères figurent le cendré ou "au foin" d'Olivet, la riche gamme des fromages de chèvre berrichons, crottin de Chavignol en tête. Quant aux vins de Touraine ils ont conquis leurs lettres de noblesse, que ce soit le Bourgueil ou le Chinon, en rouge, ou le Vouvray en blanc. Au dessert les gourmets ont le choix entre de nombreuses spécialités locales de dessert. L'un d'eux naquit à Lamotte-Beuvron, c'est la célèbre tarte à l'envers des demoiselles Tatin ! Elu par les rois de France qui y firent bâtir leurs plus beaux châteaux, chanté par les poètes, le Val de Loire n'en est pas moins attaché à sa riche gastronomie et à son art de vivre…

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