Elle a démontré à plusieurs moments de son histoire qu’une énergie farouche la pousse vers l’avenir. Ambitieuse, elle a su réussir cette mystérieuse alchimie entre passé et futur. La région de Catalogne dispose d’un atout, son intelligence à se faire trait d’union économique et culturel entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud. Tout en restant profondément, viscéralement méditerranéenne…

Que n’a-t-on dit et écrit sur Barcelone la « surréaliste » ! Comment en effet ne pas rester interloqué en contemplant la Sagrada familia, gigantesque chef d’œuvre inachevé, symbole d’une ville en perpétuel mouvement, en découvrant ses vieux quartiers, Barri gotic, Gracia ou la Ribera, d’où jaillissent défis architecturaux et excentricités de l’Art nouveau ? Audacieuse toujours, Barcelone est une ville charmeuse qui affiche un évident plaisir de vivre. Une ville extravertie. Pour comprendre le style de vie « à la catalane » il faut se laisser emporter par le flot des promeneurs, autochtones et touristes, qui déambulent jour et nuit sur sa célibrissime rambla…
Barcelone est un haut lieu de création culturelle, un musée bien vivant. Sa réputation est universelle d’abord sur le plan architectural avec le génial Gaudi et ses élèves, successeurs imprégnés de la hardiesse du Maître. Elle se manifeste aussi dans d’autres domaines. On pense évidemment à la peinture avec trois artistes de génie qui ont profondément marqué le XX ième siècle : Picasso (il se forma à Barcelone), Miro (il y naquit) et Dali (enfant de Figueres sur la Costa Brava). Ici les grands courants picturaux se sont croisés, mêlés, inspirés, repoussés. On pense aussi à la musique : au violoncelliste Pablo Casals, à la soprano Montserrat Caballé, au ténor José Carreras, tous les trois immenses artistes, tous les trois catalans.

La ville de Barcelone est née il y a plus de 2000 ans. Son destin s’inscrit dans celui de la Méditerranée, la « Mare nostrum ». Les marins grecs furent les premiers à créer des comptoirs en Catalogne avant que les Romains en fassent une de leurs provinces occidentales ; la région en porte les marques, notamment à Tarragone. Lors des invasions barbares, elle fut rattachée au royaume wisigoth de Toulouse et subit assez peu l’influence maure. Au IX ième siècle le Comté de Barcelone acquit l’indépendance et connut une expansion géographique et économique jusqu’à la création du Royaume catalano-aragonais qui prit une extension considérable (Baléares, royaume de Valence, Sardaigne, Sicile, royaume de Naples). De cette époque datent les premiers grands édifices barcelonais. L’alliance Castille-Aragon au XVème siècle marquera la fin de la période de grandeur pour la Catalogne, au fur et à mesure de l’affirmation du pouvoir central espagnol. Ce passé reste très présent dans l’affirmation de l’identité catalane.

L’histoire de la Catalogne permet surtout de mieux comprendre la diversité et la richesse du patrimoine architectural. La romanisation a laissé des vestiges importants à Tarragone, l’ancienne capitale de la province romaine, mais aussi à Barcelone, Gérone, Lérida, Empuries (Néapolis). Quant à l’art roman il a bénéficié d’un prodigieux élan du XI au XIII ème siècle créant même uncourant d’art spécifique, dit « roman catalan ». Pas moins de 2000 édifices, églises, chapelles, collégiales, cathédrales, cloîtres, monastères. De purs joyaux à l’extérieur, des sculptures et parements magnifiques à l’intérieur. Le musée d’art de Catalogne à Barcelone et le musée de Vic présentent d’admirables chefs d’œuvre de cette période exceptionnelle.

L’art gothique catalan n’a pas été en reste coïncidant avec la période de grandeur du Royaume catalan et aragonais. Barcelone en apporte la preuve avec un exceptionnel patrimoine dont le palais de la Generalitat, la cathédrale, la bourse de commerce, etc. Renaissance et baroque ont également marqué leur époque, mais c’est au tournant du XIX et XXème siècle que Barcelone se taille une immense réputation mondiale avec le modernisme. Les trois plus éminents créateurs représentatifs de ce mouvement sont sans conteste Antoni Gaudi, Domenech i Montaner et Puig i Cadafalch. Si d’autres villes catalanes présentent des réalisations de ces artistes c’est Barcelone qui en possède un nombre incroyable. La ville a bien été la capitale mondiale de ce courant artistique, de cet héritage considérable.

Avec une aussi forte identité culturelle rien d’étonnant que le folklore catalan soit réputé pour sa vitalité et sa diversité. Il est souvent d’origine religieuse. Les fêtes locales des villes, quartiers ou villages, avec cérémonies religieuses, processions, défilés de géants (cabezudos), sont toujours des événements hauts en couleurs, avec chants et danses dont la réputée sardane. Les touristes sont également époustouflés par les pyramides humaines des villages de la région de Tarragona, les « castells » ! Les fêtes de la semaine sainte, celles de la Sant Jordi, patron de Catalogne (en avril), les feux de Sant Joan prennent ici une ampleur incomparable. Autant d’occasions de faire perdurer les traditions…

La Catalogne jouit d’un climat très ensoleillé, surtout dans sa partie littorale ; au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la mer le caractère montagnard apparaît et s’impose jusqu’aux sommets de la chaîne pyrénéenne qui flirtent avec les 3000 m. Le tourisme s’est développé considérablement sur tout le littoral (Costa Brava et, plus au Sud, Costa Dorada). La qualité du climat mais aussi la douceur des eaux, le pittoresque de la côte sont évidemment des atouts majeurs. Mais nombre de paysages ont souffert du développement du tourisme de masse et de l’urbanisation pendant plusieurs décennies ; fort heureusement certains secteurs ont été protégés et le Gouvernement de Catalogne mène désormais une politique de sauvegarde des sites et de protection de l’environnement.

Le dynamisme économique catalan a suscité l’admiration. La ville s’est transformée en gardant intact son pouvoir d’attraction, sa spécificité culturelle. Elle a accueilli avec le succès que l’on sait des événements mondiaux considérables, expositions universelles et forums, et surtout les Jeux olympiques de 1992. Barcelone s’est ainsi placée au rang des grandes métropoles mondiales démontrant sa farouche volonté d’aller toujours de l’avant tout en conservant ce supplément d’âme et de convivialité propres à l’âme catalane.

Quant à la gastronomie catalane elle sait se faire connaître et apprécier depuis toujours : charcuteries (botifarres, boudins, ou saucisses), escargots (caracoles) à la casserole ou en accompagnement, pot-au-feu catalan, salades d’anchois ou de thon, etc. De nombreux plats à base de légumes de la région préparés à l’huile d’olive et des produits de la mer arrosés avec une grande variété de vins locaux. Et pourquoi ne pas se laisser tenter par cet extraordinaire plat, le nid (es niu), qui mélange curieusement le gibier avec le poisson ? Il fallait oser. Un résumé, peut-être, de la Catalogne, fille de la rencontre de la montagne et de la mer…

° Barcelone
La Rambla, promenade qui va de l’immense boulevard de la place de Catalogne (plaça de Catalunya) au monument de Colomb (monumant de Colomb), entre ses palais élégants et ses demeures excentriques, est une attraction irremplaçable. En effervescence continuelle, c’est « la » promenade où se pressent jour et nuit en foule barcelonais et touristes, pour le plaisir de voir… et d’être vu.

Près de la rambla : la basilique Santa Maria del Pi, les palais (palau) Güell, œuvre de Gaudi, de la Virreina et Moja, la place royale (plaça reial), le grand théâtre del Liceu (où les plus prestigieuses voix d’opéra se produisent) et le musée d’art contemporain.

Le vivant et pittoresque Barri gotic, superbe quartier gothique est aussi celui des origines, romaine et wisigothique : plaça del Rei, capella Santa Agueda, musée d’histoire de la Ciutat, catedral Santa Eulalia, Museu Frédéric Marès.

L’Eixample, quartier véritable musée de plein air, particulièrement représentatif de l’art du modernisme : Manzana de la Discorda, Passeig de Gracia, casa Mila, fundacio Antoni Tapies, et, bien sûr, la Sagrada familia, époustouflante par sa profusion d’éléments décoratifs et ses couleurs, chantier phénoménal toujours en cours, auquel Gaudi travailla sans relâche jusqu’à sa mort. Sans oublier le surprenant park Güell où Gaudi a démontré son immense puissance créative.

La Ribera où s’est développée l’activité économique de la ville (symbole de la puissance maritime catalane en Méditerranée pendant des siècles) : cathédrale gothique Santa Maria del Mar (splendide extérieurement et intérieurement), hôtels particuliers de la carrer de Montcada, museu Picasso. Le peintre vécut dans ce quartier durant son adolescence (oeuvres importantes de jeunesse et la série de 58 toiles « Les Ménines »).

Le quartier de bord de mer : les ports, la colline de Montjuic, avec ses deux extraordinaires musées (Fondacion Miro et Museu nacional de Catalunya) et son parc (points de vue remarquables), le quartier de la Barceloneta, quartier des pêcheurs, les anciens chantiers (drassanes et Museu mar), la vila olimpica (JO de 1992).

Le quartier résidentiel de Pedralbes : monastir Santa Maria (remarquables fresques dans la chapelle), et, pour les amateurs deballon rond, le complexe footballistique du Camp Nou (du club du Barça).

Sur la colline dominant la ville, le Tibidabo avec la tour de Norman Foster : point de vue superbe sur la ville et la mer.

° La Serra de Montserrat, est le haut-lieu emblématique de Catalogne. Le cadre de montagne est superbe et fantasmagorique. Les rochers ruiniformes ont excité l’imaginaire populaire et inspiré peintres, poètes et musiciens. Sur les points hauts de la chaîne de montagne on trouvait pas moins de treize ermitages jalonnant un parcours bucolique. Dans le monastère se trouve la Moreneta, vierge noire de l’époque romane, vénérée par les Catalans.

° La Costa Brava
Malgré le développement touristique important, la Costa Brava (Côte sauvage) a conservé des paysages magnifiques où le montagne plonge à pic dans la mer, de belles criques et d’immenses plages sablonneuses. Elle a tout pour séduire : ciels lumineux, eaux turquoises, ports de pêche et « lamparos », petites églises de village, ponts romains, vignes et oliviers accrochés au relief pentu, bosquets de pins et chênes verts.

En longeant la côte, du Nord au Sud on découvre des stations et des sites exceptionnels qui justifient sa réputation internationale : le parc naturel du cap de Creus., Sant Pere de Rodes, magnifique monastère niché dans la montagne surplombant la côte, remarquable église romane., Figueres, ville natale de Salvador Dali, capitale de la sardane ; le théâtre musée présente un ensemble important d’œuvres du plus célèbre peintre surréaliste, un univers où l’extravagance côtoie le génie pictural, Cadaquès : pittoresque village blanc qu’habita Dali, lieu de rendez-vous des peintres et intellectuels, Empuries (cité gréco-romaine) : site archéologique unique, grec et romain, un résumé de l’histoire des débuts de la Catalogne, Les îles Medes, petit archipel au large de l’Estartit, faune et flore terrestre et marine, Peratallada, village médiéval.

° Tarragona
La capitale de l’ancienne province romaine tarragonaise, est une ville dynamique, accueillante et animée, réputée pour les magnifiques plages de sable fin de la Côte Daurada et ses stations réputées, notamment autour de El Vendrell. la ville possède un patrimoine architectural exceptionnel (monuments romains, quartier médiéval et cathédrale) qui lui a valu d’être classée au Patrimoine mondial de l’Humanité.
De l’ancienne cité romaine Tarraco subsistent de nombreux et intéressants vestiges : remparts, amphithéâtre, forum, aqueduc, mausolée de Centcelles, tour des Scipions villa de Els Munts, etc. Dans le musée archéologique national sont exposés de splendides mosaïques, des éléments de frises et de nombreuses sculptures.
Le quartier médiéval enserré dans les enceintes romaines est pittoresque (ruelles, ancien marché, places). En son centre, la cathédrale, romane et gothique, possède des éléments très intéressants dont une œuvre majeure, le retable de Sainte Thècle.

La Costa Daurada (au Sud de la Costa Brava) dans la province de Tarragona possède de belles plages de sable fin doré (qui a donné son nom à la côte) qu’affectionnent les familles ; les stations les plus réputées se trouvent vers El Vendrell. Parmi les sites intéressants : la villa romaine dels Munts, l’arc romain de Bera et le musée Pablo Casals à Sant Salvador (où habita le célèbre violonceliste).

Le parc d’attraction géant Port aventura : parc à thèmes, sensations fortes, spectacles et danses.

Girona, qui connut des heures glorieuses au Moyen Age : vieille ville médiévale, ancien quartier juif, cathédrale gothique (possédant une nef spectaculaire et une belle tapisserie du XII ème), monastère Sant Pere de Galligants, musée d’art. Dans les environs : Besalu (remarquable ensemble roman), Porqueres et Sant Pere (églises romanes).

Ripoll, au pied du massif pyrénéen, ville berceau de la Catalogne ; son monestir de Santa Maria (le portail de l’église est un chef d’œuvre du roman catalan) servit de panthéon aux comtes de Barcelone. A quelques kilomètres, le monestir Sant Joan de les Abadesses.

Vic : pittoresque quartier historique, belle place (plaça major), cathédrale et musée (museu episcopal) exceptionnel (œuvres romanes et gothiques).

Les Pyrénées catalanes offrent des espaces grandioses, des sommets à plus de 3000 m, des forêts et des lacs, de petits villages aux charmantes églises romanes. La chaîne de montagne est entaillée par de profondes vallées (valls).

Seo d’Urgell, la ville des princes-évèques qui co-administrent avec la France la Principauté d’Andorre (belle cathédrale et musée).

Au cœur du massif, le Val d’Aran, petite région du versant Nord des Pyrénées, qui a sa langue propre et ses traditions, traversée par la Garonne qui prend sa source au pic d’Aneto, dans le massif de la Maladeta.

Trois parcs naturels offrent des itinéraires de randonnées multiples et des sources de plaisirs variés en été comme en hiver : parc naturel volcanique de Garrotzxe près de Gérone, parc naturel de Cadi Moixero près de Seo de Urgel, parc national d’Aigüestortes i Estany à l’Ouest, dans des paysages exceptionnels de haute montagne.

Lleida (Lerida), chef-lieu de la province éponyme, occupe une position stratégique au pied du massif pyrénéen, ce qui lui a valu de nombreuses invasions. C’est une des régions de Catalogne où l’influence maure est présente (notamment avec d’ingénieux systèmes d’irrigation des sols). La ville présente un ensemble monumental : citadelle et cathédrale (la Seu Vella) bâtie sur l’emplacement d’une ancienne mosquée.

Dans une Catalogne particulièrement riche en chefs d’œuvre architecturaux, figurent en bonne place plusieurs grands monastères cisterciens dont Poblet, Santes Creus et Vallbona de les Menges. Cet ensemble exceptionnel d’édifices, situés dans un triangle entre Tarragone, Lerida et Barcelone, jalonnent la « route de l’art cistercien catalan ».

Le monastère de Poblet, bâti dans un superbe cadre de montagnes, présente, dans trois enceintes, un ensemble monumental d’édifices construits entre les XII et XVIII èmes siècles (église, panthéon royal, cloître, palais…). Il servit de lieu de retraite spirituelle et de panthéon aux rois de Catalogne et d’Aragon. Le monastère est classé au Patrimoine mondial de l’Humanité.
Le monastère de Santes Creus, édifié dans une vallée riante, célèbre pour son grand cloître gothique, pure merveille architecturale.
Le monastère de Vallbona de les Menges, sur le versant d’une montagne, remarquable d’équilibre ; il est réservé à l’ordre cistercien féminin.

Plusieurs parcs naturels en zones marécageuses (Aiguamolls et delta de l’Ebre) ou de montagne (Aigüestortes et Garrotxa près d’Olot la « cité des volcans ») protègent l’environnement.

Photos : ©  Oriol Alamany - ACT, Nano Cañas - ACT, Imagen M.A.S. - ACT, Servicios Editoriales Georama - ACT, Jose Luis Rodríguez - ACT, Servicios Editoriales Georama - ACT,

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