Deauville et Honfleur, Giverny, Caen et Bayeux, Cherbourg, Etretat, Bagnoles-de-l'Orne
On s'accorde à dire que la Normandie est une création de l'histoire et non de la géographie.
Maritime et terrienne, bordée par la Manche, proche de Paris, pénétrée par la vallée de la Seine, elle est multiple et présente une mosaïque de régions aux caractères typés, aux noms évocateurs de Pays d'Auge, de Bessin, de Bray, de Caux, d'Ouche, de Côte fleurie ou d'albâtre. Elle a su tirer parti de cette diversité et en faire un atout pour son développement et son image. La Normandie est depuis plus d'un siècle une de nos très grandes régions touristiques.
Convoitée et façonnée par les hommes, à plusieurs reprises elle a été au cœur de l'histoire de France, en particulier lors du débarquement de juin 1944. C'est à partir du IXème siècle que la province est envahie par les Normands, peuples vikings venus de Scandinavie sur leurs fameux drakkars. La région, morcelée, portera désormais leur nom. Elle s'unifiera peu à peu pour devenir un duché indépendant dont l'importance ira croissant. Aussi, quand Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, s'empara de l'Angleterre représenta-t-il un rival sérieux pour le roi de France. Cette situation se renouvela au siècle suivant, quand Henri II Plantagenet, époux d'Eléonore d'Aquitaine, devint roi d'Angleterre. La célèbre tapisserie de la Reine Mathilde, qu'on peut contempler à Bayeux, évoque divers épisodes des conquêtes de Guillaume. Longtemps indépendant, le duché ne tombera dans le giron capétien qu'au XIIIème siècle, tout en conservant, grâce à la "Charte aux Normands", une forte individualité.
L'histoire tourmentée de la Normandie explique qu'elle possède un aussi grand nombre de châteaux forts aux frontières du duché, tel Château-Gaillard, aux Andelys, l'un des plus beaux sites de la vallée de la Seine. Ces forteresses, construites en position dominante, illustrent bien l'architecture militaire du Moyen-Âge. L'époque de la Renaissance fut également marquante avec une finalité différente, celle de la recherche de l'art de bien vivre. Sont édifiés des manoirs, des maisons de maître et des châteaux, les constructions antérieures sont rénovées au goût du jour et décorées. Nombre d'entre elles subsistent, notamment ces ravissants manoirs d'herbages entourés de pièces d'eau, au cachet mi-féodal, mi-Renaissance. Plusieurs de ces beaux hôtels particuliers et châteaux ont été reconvertis, qui en musées, qui en hôtels de luxe.
Une fois les envahisseurs normands sédentarisés et christianisés, les moines bénédictins, soutenus par le duc de Normandie, défrichèrent les sols et se lancèrent dans l'édification d'églises et d'abbayes. Plus d'une centaine de ces dernières virent le jour. Leur rôle fut primordial. Sur le plan architectural se créa même une école normande bénédictine caractérisée par la sobriété des ouvrages, leur hardiesse et la pureté de leurs lignes. L'influence des moines bénédictins ne s'arrêta pas aux plans spirituel et architectural, il déborda largement dans les domaines économique et politique. La période gothique est ainsi admirablement représentée en Normandie ; dans ce patrimoine exceptionnel figurent les cathédrales de Rouen et de Coutances, les églises La Trinité et St-Etienne à Caen, ainsi que le sanctuaire du Mont St-Michel.
Ce dernier est mondialement connu. Situé en limite de région avec la Bretagne et surnommé la "Merveille de l'occident", le site est l'un des plus visités de France. Classé au Patrimoine mondial de l'humanité, cet ensemble unique en forme de pyramide jaillissant des flots et de la grève, est l'aboutissement d'une œuvre patiemment réalisée durant une dizaine de siècles par des moines et des soldats. Parfait d'équilibre, le Mont St-Michel se dresse au milieu d'immenses bancs de sable recouverts lors des hautes eaux, au fond d'une baie où les marées atteignent une amplitude maximale. Les splendides bâtiments gothiques constituent un ensemble religieux d'une beauté architecturale unique. Pour jouir pleinement du spectacle, il est recommandé aux visiteurs d'éviter les périodes de forte affluence et de choisir les moments privilégiés de l'aube et du crépuscule, quand la lumière caresse doucement la pierre, que le cloître semble suspendu entre ciel et mer... Alors la magie s'opère.
Une autre image classique, fort sympathique, de la Normandie est celle d'une chaumière traditionnelle parée de colombages, coiffée d'un toit de chaume, posée sur une verte prairie du bocage où paissent de belles laitières et où les pommiers semblent éternellement en fleurs. Cette image fort charmante est un peu réductrice pour dépeindre la diversité de l'intérieur de la région, un pays de vallées, de plaines et de collines, de terres de labour ou d'élevage ! La nature des sols prolongeant le Massif armoricain à l'Ouest et le Bassin parisien à l'Est, déterminent deux secteurs : le premier est celui du bocage traditionnel, des chemins creux et des petits hameaux, où le quadrillage de haies délimite les pâturages et les pommeraies, le second dit "pays de campagne" est celui des champs aux terres fertiles et des grosses bourgades. La renommée de la région vient du bocage, terre des beurres les plus goûteux, des crèmes les plus onctueuses, des plus grands fromages, dont les trois champions incontestés, camembert, livarot et pont-l'évèque.
Sur la côte normande qui s'étire sur plus de 600 km, du Tréport à la baie du Mont St-Michel, naquit le tourisme balnéaire au XIXème siècle. Une véritable révolution dans les mœurs ! On dit que la mode des bains de mer fut lancée par l'écrivain Alexandre Dumas et ses amis vers 1820. Le premier chemin de fer français, qui relia Paris à Rouen à partir de 1843, amplifia considérablement le mouvement. La "côte fleurie" devint le lieu de rendez-vous des peintres, des écrivains et de l'aristocratie parisienne. Les paysages de bord de mer, les ports, les ciels et les vibrations de la lumière inspirèrent très tôt les peintres. Boudin, peignit avec passion le port d'Honfleur, sa ville natale. De nombreux impressionnistes firent de même, en tête desquels un autre enfant du pays, Claude Monet, originaire du Havre. On connaît la destinée de l'un de ses tableaux les plus célèbres, peint de la fenêtre de sa maison et exposé lors du premier salon des artistes indépendants, "Impression, soleil levant". Il donna son nom à mouvement impressionniste qui révolutionna l'art pictural à la fin du XIXème siècle.
Si les temps ont changé, les paysages de Normandie ont su conserver caractère et authenticité. Le touriste n'a que l'embarras du choix. Vertigineuses falaises crayeuses de la "côte d'albâtre". Pays de Caux, où se cachent masures à colombages et colombiers décorés. Parc naturel régional de Brotonne et méandres de la basse vallée de la Seine, avec la route des abbayes bénédictines, Jumièges et St-Wandrille, lieux chargés de spiritualité et d'histoire. Honfleur la charmeuse, adorée des artistes, avec son port et ses ruelles anciennes. Prestigieuses plages de la "côte fleurie"parmi lesquelles Deauville l'élégante, mondialement connue, avec ses "planches" et ses villas luxueuses, témoignages de l'architecture balnéaire qui marqua les débuts du tourisme. Le Cotentin, presqu'île battue par les flots, aux trois pays (val de Saire, col du Cotentin au Sud et La Hague au Nord). Le Nez de Jobourg, éperon sur la Manche, un des grands sites d'une côte rocheuse sauvage...
Depuis des siècles la Normandie se veut "la" région du cheval. Effectivement, les trois-quarts des trotteurs français y naissent, y sont élevés et entraînés. Les haras nationaux, de Saint-Lô et du Pin, dans l'Orne, jouissent d'un grand prestige. C'est le pays des purs-sangs, héros des champs de course, mais aussi des cobs, qui tractent les attelages, et des percherons, chevaux de trait très appréciés. L'élevage des races chevalines s'oriente de plus en plus vers les activités de loisirs, la Normandie possédant, dans son arrière-pays et sur ses plages des terrains de prédilection pour pratiquer l'équitation. Les centres de randonnées équestres et les écoles se sont multipliés et font partie d'une offre de loisirs largement diversifiée.
Une autre forme de tourisme s'est développée autour de l'histoire de la seconde guerre mondiale, les plages normandes ayant été, on le sait, le théâtre du débarquement des forces alliées le 6 juin 1944. Parcourir les lieux où se joua la phase la plus décisive de la libération du territoire français, où plages, villes et villages portent encore les stigmates des violents combats qui s'y déroulèrent, est particulièrement émouvant. Les noms des plages du débarquement, Utah, Omaha, Gold, Jung et Sword, évoquent des épisodes héroïques. L'espace historique de la bataille de Normandie propose un véritable musée à ciel ouvert, des sites, des musées et des lieux de mémoire qui captent l'attention du visiteur intéressé par l'histoire récente de notre pays.
La Normandie évoque une recherche de bien-être, un certain art de vivre. La représentation des belles maisons normandes en est la parfaite illustration avec leurs mobiliers anciens, buffets, horloges, armoires. De taille généralement importante, mariant solidité et élégance, ces meubles bénéficient d'une grande notoriété. Leur fabrication débuta au XIIème siècle par les coffres à habits, remplacés par la suite par les armoires. Puis vinrent les buffets ou vaisseliers ouvragés et les horloges sculptées. Les artistes locaux rivalisaient d'imagination dans le choix des thèmes et dans l'utilisation des matériaux pour réaliser le cadran et le balancier. Ces meubles possédaient une valeur hautement symbolique dans les familles : lors des mariages, leur transport de la maison des parents de la jeune fille vers celle du futur mari donnait lieu à de véritables fêtes auxquelles participait tout le village.
Une réputation bien ancrée veut que les Normands soient "bons mangeurs". Comment en serait-il autrement avec les produits de qualité issus de son généreux terroir ? La crème onctueuse qui accompagne toutes sortes de plats, viandes, poissons, légumes, pâtes, œufs, est à la base de la sauce normande. Cette cuisine a su s'adapter aux goûts actuels, s'alléger, et l'on peut parler désormais de cuisine pour gourmets. La boisson traditionnelle normande fut de tous temps le cidre dont la fabrication remonte au Moyen-Âge et dont il existe plusieurs variétés (traditionnel, doux ou brut) et des crus, comme pour le vin. Traditionnel aussi est le fameux Calvados, produit de la distillation du cidre, qui se déguste soit avec un fromage, soit en "trou normand", entre deux plats, lors des repas de fêtes, soit dans le pommeau, mélangé à du jus de pomme.
Le calendrier des manifestations comprend les commémorations d'épisodes marquants de la bataille de Normandie, mais aussi, liés aux traditions et aux productions locales, des pardons de corporations de la mer, des régates, des fêtes de la mer et des pêcheurs, de nombreuses manifestations autour du cheval, concours hippiques, ventes de yearlings, sans oublier l'aspect culinaire avec les fêtes du boudin blanc, de la dinde, du cidre, du maquereau, du hareng et les diverses foires aux fromages... Les circuits touristiques à thèmes proposés par les offices de tourisme sont variés : découverte du bocage, de la Suisse normande, des falaises et marais, des monts et merveilles, bataille de Normandie, routes des abbayes normandes, de Guillaume le conquérant, des colombiers cauchois, des haras de l'Orne, des dentelles normandes, de Mme Bovary, etc.
On se souviendra que de nombreuses routes normandes mènent à des artistes ou des écrivains : à Cabourg l'univers de Marcel Proust écrivant "A la recherche du temps perdu", à Caen celui de Malherbe, à Croisset et Canteleu celui de Flaubert et le personnage d'Emma Bovary, à Honfleur le peintre Boudin et le compositeur Satie, à Rouen l'auteur du Cid, Pierre Corneille, à Miromesnil Guy de Maupassant et son "Bel ami", à Villequier Victor Hugo et le souvenir de sa fille Léopoldine, etc.
Preuve en Normandie que la gastronomie n'est jamais loin ; le culturel non plus !
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