Limoges, Brives-la-Gaillarde, Pompadour
Le Limousin et le Berry. Deux régions centrales dans l'hexagone, entre Massif armoricain et Massif central, cousines la première de l'Auvergne, la seconde du Val de Loire.
Deux régions de forte tradition agricole, attachées à leur ruralité authentique, à des traditions et des coutumes toujours vivaces, à leur folklore et à leurs légendes, et à de très grands métiers d'art (émaux, porcelaine, tapisseries) qui ont fait leur notoriété internationale. Fières de posséder un très beau patrimoine. Deux régions aux paysages bien préservés, sillonnées par un important réseau de rivières descendant du Massif central. Deux régions où les productions locales ont inspiré une belle gastronomie.
Ces pays ont inspiré à plusieurs grands écrivains des pages magnifiques, d'une douce poésie. George Sand, surnommée la "bonne dame de Nohant" - localité où elle vécut et mourut - décrit avec lyrisme les paysages berrichons, les petits villages et ses habitants dans plusieurs romans devenus célèbres. Jean Giraudoux – né à Bellac - évoque avec amour le Limousin, pays de son enfance, ce touchant "pays à ruisseaux et à collines, avec des champs et des châtaigneraies comme des rapiéçages…". Ici rien d'agressif dans le paysage, tout est dans la douceur, la mesure : les ondulations des plateaux où prés, labours et bois sont inextricablement imbriqués, où se faufilent ruisseaux et rivières, les lignes de haies vives et les lisières des forêts bordant les pâtures, les mares et les étangs où vont s'abreuver les troupeaux. Jusqu'aux couleurs des ciels, jusqu'au caractère profond des hommes nés et vivant sur cette terre.
L'agriculture berrichonne a connu une métamorphose totale au cours du siècle dernier et fait de la région l'un des premiers producteurs de céréales français. L'élevage bovin se partage entre les deux races réputées, charolaise et limousine, provenant des régions voisines, toutes les deux destinées à la production de viande. L'élevage ovin, caractéristique du Berry depuis toujours, permet de tirer le meilleur parti des terres pauvres, tout comme l'élevage caprin qui a pris un grand essor. Crottin de Chavignol, pyramides de Valençay ou pavé de Levroux ont acquis une belle notoriété. On rencontre aussi des vignes en se rapprochant du val de Loire, dans le Sancerrois. Une des originalités des paysages berrichons, un de ses atouts touristiques, est la présence de nombreuses pièces d'eau, mares, lacs, étangs, notamment dans la Brenne réserve précieuse pour la faune et la flore aquatiques. Contrairement au Berry, pays des eaux calmes, le Limousin est celui des eaux vives. Le relief y est beaucoup plus accidenté, la façade Est constituant les marches du Massif central avec le plateau de Millevaches - aux mille sources - et les monts des Monédières, terres pauvres, à moutons, accueillantes l'été avec leurs bruyères mauves, rudes en hiver, les Monts d'Ambazac et de Blond, la Marche, zones de forêts et d'élevage. Car le Limousin est par excellence un grand pays d'élevage de ces magnifiques vaches au pelage roux. Connue depuis des siècles et constamment améliorée, la race bovine limousine est l'une des plus réputées au Monde par la qualité de sa viande. Une autre filière s'est développée, celle des veaux élevés "sous la mère", donc nourrit exclusivement au lait, qui fournit des viandes de qualité exceptionnelle.
Ce pays est resté très marqué par sa ruralité, même si les conditions de vie n'ont évidemment plus rien de comparable avec celles des habitants d'autrefois. Les traditions restent fortes et certaines coutumes aussi. Autrefois existaient des métiers typiquement limousins, comme celui des feuillardiers. Dans leurs huttes, au plus profond de la forêt, ils débitaient de longues lattes de bois de châtaignier planes et flexibles pour fabriquer des paniers, chaises, fauteuils, tables, cercles de barriques, des manches d'outils, des râteaux, des casiers. Ces "hommes des bois" faisaient preuve d'une grande ingéniosité pour tirer le meilleur parti de l'arbre du pays car le Limousin est depuis toujours le pays du châtaignier, arbre précieux tant pour son bois aux qualités multiples (charpentes, planches) que pour ses fruits. D'ailleurs les châtaignes, bouillies ou rôties, ont longtemps constitué un complément alimentaire indispensable pour les paysans. Aujourd'hui de jeunes artisans ont repris cette tradition des feuillardiers en la modernisant et en se montrant inventifs.
Ce sont deux autres métiers, deux métiers de l'art du feu où l'artiste rejoint l'artisan, qui ont contribué à faire connaître Limoges dans le Monde entier, a en faire la capitale incontestée de l'émail et de la porcelaine. L'histoire de l'émaillerie est mystérieuse. Certains historiens avancent que cet art serait passé par Venise avant de s'implanter en Limousin. Cela n'est pas certain. Toujours est-il qu'il existe en Limousin une véritable école de l'émail au tournant du Xème siècle et que des émaux peints apparaissent dès le XVème siècle. Au départ ces émaux ont été utilisés essentiellement pour les objets lithurgiques, plaques d'autels, châsses, statues de saints, etc. Cet art de l'émail s'est prolongé, les techniques se sont enrichies et les artistes d'aujourd'hui donnent libre cours à leur imagination.
A côté de cet art séculaire est venu s'en ajouter un autre au XVIIIème siècle, celui de la porcelaine. Cette activité vit le jour suite à une initiative de l'intendant général du Limousin Turgot, grâce à la présence d'un matériau de base, le kaolin, qui possède la propriété de rester extraordinairement blanc après la cuisson. Le nom de Limoges est associé à une qualité de porcelaine exceptionnelle, d'un blanc immaculé. Une anecdote rappelle qu'avant d'atteindre à la notoriété, le peintre Renoir, né à Limoges, s'était fait la main en peignant des roses sur des assiettes de porcelaine… Cette industrie a pris un essor considérable, vital pour la région. Artisans et artistes contemporains réalisent de véritables chefs d'œuvres. La porcelaine de Limoges reste le plus bel ambassadeur de la région, présent sur les plus grandes tables, dans le Monde entier.
Une autre activité hautement artistique a fait la renommée de la Marche, celle des tapisseries d'Aubusson. C'est dans cette petite ville, aux bords de la rivière la Creuse, aux eaux pures, que cet art magnifique fut importé des Flandres au XVIème siècle. Ses ateliers reçurent sous Colbert, le titre de manufacture royale, au même titre que les Gobelins. Cet art connut des périodes fastes (plus de 2000 artisans lisiers à Aubusson en 1900) mais aussi des moments difficiles, notamment pendant l'entre-deux guerres. La célèbre tapisserie de la "Dame à la licorne" est sortie des ateliers d'Aubusson. Relancée avec le concours de grands artistes contemporains, notamment Jean Lurçat, cette activité a retrouvé un nouveau dynamisme. En matière de patrimoine artistique Limousin et Berry ont d'autres atouts. Ainsi le Limousin possède de belles églises fortifiées, des monastères, des châteaux forts et des lanternes des morts ouvragées. Quant à la ville de Bourges elle possède un superbe joyau, la cathédrale St-Etienne, un des plus grands chefs d'œuvre de l'art gothique, aux splendides vitraux, et le célèbre Palais Jacques Cœur.
Parler des coutumes locales c'est parfois évoquer des croyances ou des superstitions. Ainsi raconte-t-on que les Berrichons d'autrefois étaient persuadés que les sorciers, sans doute inspirés par le diable, pouvaient jeter des sorts sur les personnes, les habitations ou le cheptel ; aussi, pour conjurer ce mauvais sort, les dévots se précipitaient-ils dans les églises afin de s'asperger d'eau bénite. Les enfants tremblaient quand on leur contait des histoires de loups-garous (ou lébérous) qui faisaient danser les loups au clair de lune ou qui parcouraient sept paroisses en quête d'une proie. D'autres étranges créatures hantaient les campagnes, libérant les animaux des écuries, faisant rouler d'énormes blocs de pierre dans les ravins. Et, lors des veillées, les conteurs d'antan ne manquaient pas de transmettre ces légendes.
Des manifestations et fêtes entretiennent le folklore local qui connaît un regain de popularité, notamment musical. Les groupes de danseurs et danseuses, en costumes anciens, sont accompagnés par des musiciens jouent de la vielle, de la cabrette, de la cornemuse, tous instruments anciens, ou de l'accordéon. La bourrée et le "pélélé" avaient ou retrouvent les faveurs du public en Limousin ! Autrefois il n'y avait pas un seul cortège de mariage se rendant de la mairie à l'église qui ne soit précédé par les musiciens entonnant les ritournelles régionales. Parmi les nombreuses fêtes ou festivals, citons celles des troubadours du Limousin, les fêtes romantiques au pays de George Sand, les foires aux sorciers, les "gerbes baudes" (fête des moissons), fêtes de l'écrevisse, des poissons d'eau douce, frairie des petits ventres, foire des escargots, frairie des "culs noirs" (variété porcine), présentation d'étalons et d'attelages à Pompadour, etc.
Quand à la gastronomie, elle est partout à l'honneur. Elle dispose des produits de son élevage, des viandes limousines persillées de qualité exceptionnelle, bœuf et veau sous la mère, au goût de noisette, mais aussi porcs. Les farces mélangent souvent viandes de porc et de veau. Le lièvre est farci de veau, porc et jambon. Les truites pêchées en eaux vives sont enrichies de lard fondu. Le boudin limousin est toujours préparé avec des châtaignes. On disait qu'autrefois les bonnes cuisinières du pays "savaient faire du bon avec peu", les produits de leur basse-cour et du jardin. Aujourd'hui on concocte toujours avec passion et imagination des plats en s'inspirant des recettes d'antan. L'art de bien marier le passé et le présent. Pour le plus grand plaisir des gourmets...
Hôtels et chambres d'hôtes en Limousin Nouvelle Aquitaine