Lyon, Valence, Montélimar, la Drôme et le Rhône

Pays du RhoneLa situation géographique de cette région, entre la France du Nord et celle du Sud, en a fait très tôt une grande voie de passage, un carrefour des échanges commerciaux entre l'Europe du Nord et le Bassin méditerranéen.

Au confluent du Rhône et de la Saône, Lyon, l'ancienne capitale des Gaules, a connu un développement important. Son rôle n'a cessé de s'affirmer tout au long des siècles, dans tous les domaines; sa réputation gastronomique est immense. La métropole, aux ambitions internationales, prospère au cœur d'une région attachante composée d'une mosaïque de pays et de paysages, aux activités diversifiées, au patrimoine riche, de l'époque romaine à nos jours. Une région qui possède de beaux terroirs aux productions tournées vers la haute gastronomie...

L'ancienne capitale des Trois-Gaules connut sa première période de prospérité à l'époque romaine ; elle s'appelait alors Lugdunum. Plusieurs empereurs y séjournèrent et y firent des réalisations importantes, aqueducs, monuments... A partir du Moyen-Âge puis de la Renaissance, les foires attirèrent une foule de marchands et de banquiers, allemands, flamands, suisses et italiens. Lyon devint une place commerciale essentielle au royaume de France, lieu d'échanges de marchandises, mais aussi place financière où se fixaient les taux de change entre monnaies européennes et où s'effectuaient des opérations financières inédites à l'époque, telles que les prêts. La ville obtint également le privilège de la fabrication de la soie qui devait lui assurer des siècles durant un prestige immense. Fournissant les plus grandes cours européennes et les autorités ecclésiastiques, créant pour la haute couture, innovant dans la domaine de la fabrication (métiers à tisser) elle mérita le titre de capitale mondiale de la soierie. D'autres industries naquirent, chimiques, pharmaceutiques, mécaniques et métallurgiques, qui expliquent les domaines d'excellence actuels.

A Lyon, le Rhône, venu du cœur des Alpes, reçoit un affluent important, la Saône, butte sur le Massif central et s'engage direction Sud. Cette voie de passage fut empruntée dès l'antiquité. Le couloir (ou sillon) rhodanien a connu tous les modes de transport, bénéficié de tous les progrès techniques. Cette position a certes facilité quelques invasions mais permit en contrepartie d'assurer un développement économique important. Le fleuve se fraye un chemin dans un ensemble de régions très typées. Avant le confluent Saône-Rhône, la Dombes aux paysages paisibles, parsemée d'étangs. Sur la bordure Est du Massif central des reliefs tourmentés, Beaujolais, monts du Lyonnais et du Forez, Velay et Vivarais. Entre ces régions s'étendent quelques bassins, ceux de Roanne et de St-Etienne, du Puy, où se concentrent les activités et les villes. Sur la rive gauche du fleuve, au pied des Préalpes, le Bas-Dauphiné, le Valentinois et le Tricastin qui annoncent le Midi. L'impétueux fleuve -qualifié souvent de "taureau sauvage"- a été assagi grâce à de gigantesques travaux permettant la navigation, la production électrique et l'irrigation de la vallée.

La boutade veut qu'il y ait un troisième fleuve à Lyon, en dehors du Rhône et de la Saône : le vin de Beaujolais, ce breuvage magique dont on attend l'arrivée le troisième jeudi de novembre, chaque année, un peu partout dans le Monde. Il est issu d'un terroir éponyme qui s'étend sur la rive droite de la Saône, un pays vivant depuis des siècles pour le vin et par le vin. On devrait dire pour les vins tant ils offrent de diversité suivant la nature du sol, l'exposition, l'altitude, alors qu'ils sont tous issus du même cépage, le gamay noir à jus blanc. Il suffit de prononcer le nom d'un des dix grands crus du Beaujolais pour éveiller le plaisir ! Le pays est également réputé pour son pittoresque, la convivialité de ses habitants, voire leur truculence, si joyeusement contée dans le roman Clochemerle.

Toujours sur la rive droite du Rhône, s'étendent les monts du Forez, aux paysages contrastés de prairies, de landes et de chaumes dominant la vallée de la Loire ; le fleuve descend du Mont Gerbier de Jonc, dans le haut Vivarais, pays des châtaigneraies. Ce massif se singularise par un enchevêtrement de coulées volcaniques, d'arêtes schisteuses sur relief calcaire entaillé par des rivières aux gorges profondes. Celles de l'Ardèche, les plus spectaculaires, offrent de magnifiques paysages, des curiosités naturelles remarquables, telles le célèbre pont d'Arc. Dans le Velay, pays des planèzes herbeuses et des pitons basaltiques, la Loire encore fougueuse, s'est taillée une brèche pour arroser son premier bassin, celui du Puy (voir Auvergne). Autant de régions, autant de styles de vie et d'habitats traditionnels, révélateurs de la vie locale et de son économie.

Sur la rive gauche du fleuve la plaine, qui s'élargit jusqu'au défilé de Donzère, offre des zones favorables à l'agriculture, notamment aux productions fruitières (pêches, poires, pommes, cerises, abricots, cassis, etc) favorisées par le climat doux, les sols et les systèmes d'irrigation. La plaine de Valence est la porte du Midi ; les premiers signes annonciateurs du climat méditerranéen apparaissent, le mûrier, l'olivier. Au Sud de la région, le Tricastin se prolonge par une région pittoresque, le Diois, vrai labyrinthe dans lequel la Drôme se faufile de bassin en bassin, dans un pays de vignes escarpées s'accrochant sur les versants ensoleillés. En été l'air est embaumé par le parfum des tilleuls et des lavandes. La production essentielle de la vallée du Rhône est celle des célèbres vins des Côtes-du-Rhône, vins chaleureux qui jouissent d'une grande réputation.

Le patrimoine est aussi riche et varié que les paysages et les traditions. La situation de la région et son histoire, expliquent cette diversité. Les deux principales villes de l'époque romaine conservent des monuments intéressants : à Vienne, le temple d'Auguste et de Livie, le théâtre romain, la cité gallo-romaine de St-Romain-en-Gal ; à Lyon, le grand théâtre et l'odéon, les aqueducs, la table claudienne ainsi que différents objets de valeur exposés au musée des civilisations gallo-romaines. Les églises de l'époque romane sont nombreuses et mélangent diverses influences venues des grands foyers de création voisins, notamment le bourguignon et l'auvergnat. La ville du Puy, cité épiscopale, possède un ensemble unique en France par son site remarquable, ses collines spectaculaires couronnées de chapelles ou de statues, sa cathédrale romane et son cloître. Le centre historique de Lyon (colline de Fourvière, Presqu'île, Vieux Lyon, pentes de la Croix-Rousse) est inscrit au Patrimoine mondial de l'humanité, distinction rarissime pour une ville puisque Lyon se retrouve avec Venise, Prague et St-Petersbourg ; ce classement combine, selon les termes de l'UNESCO, « un site exceptionnel, une continuité urbaine remarquable et un exemple éminent d'établissement humain »

L'enfant le plus populaire de la ville est un personnage ancien mais toujours contemporain, le savoureux Guignol, qui, flanqué de son joyeux compagnon Gnafron, a amusé des générations d'enfants dans les théâtres. A Lyon les traditions perdurent, notamment celle de l'invention. Une des plus prodigieuses découvertes vit le jour au tournant du XXème siècle, dans un hangar de la ville, le "cinématographe" des frères Lumière. Qui aurait pu prévoir que ces petites séquences balbutiantes qui firent l'étonnement des Lyonnais donnent naissance au septième art ! Cette ville est également celle de deux inventions importantes dans le domaine du textile, le métier à tisser Jacquard et la machine à coudre. Dans le domaine ludique n'oublions pas le jeu de la boule lyonnaise devenu sport national. La ville d'Annonay s'honore d'être celle où les frères Montgolfier réussirent leurs premières ascensions en ballons en 1783 avant d'effectuer la même une démonstration de vol habité devant le Roi et la cour, à Versailles, la même année.

De nombreuses fêtes et manifestations trouvent leurs origines dans diférentes traditions locales : fêtes des vignerons, médiévales, joutes nautiques, foires aux potiers, rassemblement de montgolfières, festivals folkloriques, tournois de boules lyonnaises, etc. De multiples manifestations sont évidemment consacrées aux produits des terroirs : gibiers, primeurs et fruits de la vallée du Rhône, poissons et volailles de la Dombes et de la Bresse voisine, poissons des lacs alpins, viandes du Charolais, jambon du pays, rosette (Feurs), volailles, écrevisses et truites du Forez, châtaignes, champignons, gibier, volailles et cochonnaille du Vivarais, pommes de terre, viandes et fromages du Bas-Dauphiné, et vins bien sûr, Beaujolais et Côtes-du-Rhône, mais aussi de la Côte roannaise, du Forez, de l'Ardèche, du Diois (clairette), etc.

Rien d'étonnant que la gastronomie trouve, avec de tels produits, sa terre d'élection. Curnonsky, le "prince des gastronomes", n'hésitait pas à faire de Lyon la "capitale mondiale de la gastronomie", c'est dire. A Lyon, pour rester dans la tradition, on ne va pas au bistrot mais dans un "bouchon" où le "manchon", casse-croûte matinal solide et arrosé, constitue un rituel incontournable. Un écrivain régional écrivit même qu'ici "le petit déjeuner commence par un jambonneau" ! Au XVIème siècle y fut fondée la confrérie des "chair-cuitiers" qui démontrèrent les premiers que "dans le cochon tout est bon"... L'illustre Rabelais, vivement impressionné par les trouvailles des charcutiers et cuisiniers, truffa ses récits de noms évocateurs, Grasboyau, Boudinandière ou Friselardon !

La renommée de cette cuisine fort ancienne a été portée au plus haut grâce à des chefs, hommes et femmes, de grand talent, qui ajoutèrent leur génie personnel à des recettes locales. Parmi ces dernières, le "tablier de sapeur", plat cuisiné à partir d'un morceau de panse de bœuf, la "cervelle de canut", fromage additionné d'herbes fraîches, l'andouillette lyonnaise, symbole de l'excellence en matière de tripes et les "bugnes", dessert simple et populaire. D'un lyonnais décédé après une vie exemplaire ne disait-on pas : "Son âme est montée au ciel comme une bugne !" A Lyon et dans toute sa région la vie et la table sont toujours très intimement liées.

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