Périgueux, Sarlat-la-Caneda, Brantôme
Périgord et Quercy : on a beaucoup écrit sur ces provinces hospitalières, qui allient à merveille des paysages préservés, un riche patrimoine et un art subtil du "bien vivre".
Les exceptionnels témoignages de la vie de nos plus lointains ancêtres en ont fait le berceau et la capitale mondiale de la préhistoire et les innombrables châteaux nous rappellent des pages tourmentées de notre histoire de France. Sur ces terres qui ont vécu à l'écart des excès de la modernité, l'homme et la nature ont su inventer une merveilleuse cuisine, l'une des plus réputées de l'hexagone ; l'une des plus authentiques, s'inscrivant dans la tradition. Le Périgord et le Quercy, réputés pour leurs foies gras et leurs truffes, peuvent légitimement revendiquer le titre de "paradis des gourmets"…
Aucune région ne possède autant de châteaux, manoirs ou gentilhommières. La légende rapporte que Saint-Pierre les aurait laissé s'échapper de sa besace en passant par le Périgord. Ce qui expliquerait qu'on en compte autant que de jours dans l'année ! Campés fièrement sur une falaise ou nichés au fond d'un vallon romantique, ces châteaux veillent, telles des sentinelles, depuis le Moyen-Âge ou la Renaissance. Les touristes qui s'intéressent à l'architecture militaire trouvent ici leur compte d'enceintes de toutes sortes et de toutes époques, de donjons, de mâchicoulis, de meurtrières, de chemins de ronde, de courtines, de ponts–levis, de portes et de tours. Impossible d'effectuer un choix dans ce florilège de châteaux. La plupart furent construits à l'époque gothique, période de grande insécurité. Beynac, Biron, Bourdeille, Commarque, Castelnaud, Montfort ont conservé des parties de l'époque romane, souvent des donjons carrés. Castelnau-Bretenoux présente un bel ensemble fortifié. Château-l'Evêque, demeure épiscopale - comme son nom l'indique - affiche sa différence, comme Hautefort, belle résidence d'agrément possédant d'élégants jardins, ou Jumilhac-le-Grand, coiffé d'une multitude de toits d'ardoises hérissés de lucarnes, lanternons et cheminées. La petite localité de Bourdeilles possède même deux châteaux, l'un médiéval, l'autre Renaissance ! De tous, le château de Bonaguil est le plus anachronique. Construit au tournant des XV et XVIèmes siècle, il est le plus parfait exemple de l'architecture militaire. Il comporte les moyens de défense les plus sophistiqués de l'époque… lesquels ne furent jamais utilisés, les périodes troublées étant révolues lors de son édification ! Certains vestiges recouvrent des périodes plus anciennes de l'histoire de France. Ainsi, à l'origine de la ville de Périgueux était Vésone, qui devint une riche cité gallo-romaine après que les Gaulois de la tribut des Pétrocores eurent été soumis par Rome. De cette époque subsiste la tour de Vésone, les ruines d'arênes gigantesques et d'une belle maison gallo-romaine. Passé l'an mil de nombreuses églises furent édifiées aux quatre coins du Périgord et du Quercy. Le style roman régional se veut sobre à l'extérieur, de plan simple, avec une voûte en coupole, et, quelquefois, des petites variantes ; en Quercy, il est souvent plus riche en décorations, en Ribéracois, les façades s'inspirent de la Saintonge proche.
L'édifice le plus spectaculaire est sans conteste la cathédrale St-Front à Périgueux. De style byzantin, avec ses coupoles et son plan en croix grecque, rarissime en France, elle rappelle St-Marc de Venise et les St-Apôtres de Constantinople et inspira l'architecte Abadie qui, sur ce modèle, conçut le Sacré-cœur à Montmartre. Pendant la période gothique, en Périgord on fortifia les églises qui devinrent des lieux de réfugie en cas d'attaque (St-Amand-de-Coly, Rudelle, St-Pierre-Toirac…). La période du gothique flamboyant est magnifiquement représentée par les cloîtres de Cadouin et Cahors. Le Quercy possède également un des sites français les plus exceptionnels, Rocamadour, avec ses tours, oratoires, vieux logis, accrochés à flanc de falaise. Ce fut un des lieux de pèlerinage les plus fréquentés de la chrétienté. Les sites touristiques foisonnent en Quercy, parmi lesquels Figeac, ville où naquit l'égyptologue célèbre Champollion. Cahors, pittoresque chef-lieu, possède des remparts, des tours et le fameux pont Valentré, un des plus beaux exemples de l'architecture militaire du Moyen-Âge.
L'habitat traditionnel n'est pas un des moindres attraits de cette région tant il s'intègre parfaitement dans le paysage. Qui n'est pas tombé en admiration en se promenant dans les ruelles de Sarlat – véritable musée vivant qui a servi de décor naturel à de nombreux films – ou des quartiers anciens - rénovés - de Périgueux, Bergerac, Figeac, Cahors… Les amateurs de vieilles pierres sont aux anges. Mille détails inédits s'offrent à eux, maisons à colombages, façades en encorbellement, maisons à rez-de-chaussée médiéval et étages gothiques, hôtels particuliers de style Renaissance avec fenêtres à meneaux, écussons sculptés, tourelles d'angle, balcons à balustres, toitures de lauzes percées de lucarnes, cours, escaliers, échoppes, etc. Quelques villages cumulent le charme des habitations anciennes à un site exceptionnel, St-Cirq-Lapopie, dominant la vallée du Lot, Domme, belvédère sur la Dordogne, La Roque-Gageac au pied d'une haute falaise dominant les berges de la Dordogne, Brantôme, la "Venise périgourdine", sur la Dronne, St-Jean-de-Côle, charmant village du Périgord vert. Tant d'autres découverts au hasard d'une balade…
Le matériau de base des différentes constructions est invariablement la pierre calcaire aux tonalités chaudes, allant du blanc tendre au jaune lumineux et à l'ocre blond. Elle habille tous types d'édifices, châteaux, églises, chapelles, mais aussi maisons d'habitation, margelles de puits, fermettes, étables, et même pigeonniers. Le bâtisseur d'antan ne savait construire qu'en dur et pour l'éternité ! Le pays est truffé de pigeonniers, tourelles isolées dans les champs ou accolées à la demeure principale, d'une rare élégance. On y découvre également çà et là des cabanes construites en pierre sèche, coiffées de lauzes ou de tuiles romanes, s'intégrant harmonieusement dans le paysage.
La pierre possède une autre vertu. Essentielle, celle de la mémoire. Elle conserve le témoignage de vie de nos plus lointains ancêtres. Reconnu comme capitale de la préhistoire depuis plus d'un siècle, le Périgord a su développer un véritable pôle international de recherches dans ce domaine. Depuis l'exhumation aux Eyzies d'un squelette de l'homme du Cro-Magnon, les scientifiques du monde entier ont beaucoup travaillé en Périgord, comme le prouvent les appellations, homme de Cro-Magnon, de Chancelade, époque périgordienne, magdalénienne. L'humanité a beaucoup appris, grâce aux gravures et peintures rupestres du Périgord, aux armes et outils, aux ossements d'hommes et d'animaux découverts dans les grottes ou dans le sous-sol. Telles les gravures de la célèbre grotte de Lascaux, la "Chapelle sixtine de la préhistoire", ou de Pech-Merle. Des fouilles longues et minutieuses ont permis de reconstituer la chronologie et les modes de vie des hommes de l'âge de la pierre taillée. Ce qui fait souvent dire que ce pays est un véritable livre ouvert sur cinq cents siècles de civilisation. Peut-on imaginer voyage plus culturel ?
Pour différencier ses terroirs, le Périgord a choisi la couleur, le blanc (de Ribérac à Périgueux), le noir (Sarladais), le vert (Nontronnais) et le pourpre (Bergeracois). Le blanc pour la roche calcaire qui affleure sur les coteaux et habille les murs des constructions. Le noir pour le pays des forêts profondes, celui des paysans misérables se révoltant contre les seigneurs. Certains pencheraient pour une allusion à la truffe, le "diamant noir", champignon prince de la table ! Le vert évoque les grasses prairies d'une belle région d'élevage et de forêts où, chaque automne, poussent en abondance les cèpes. Le pourpre rappelle les belles grappes de la vigne, fierté locale du Bergeracois avec ses crus prestigieux, Monbazillac ou Pécharmant.
La belle et puissante rivière du Lot vient de très loin, traverse tout le Sud du Massif central. Sa vallée est un enchantement. Elle s'enfonce dans le Causse, longe des escarpements boisés et des falaises où se perchent des villages pittoresques avant de décrire des cingles majestueux dès que la vallée se fait plus large, en aval de Cahors. Au Nord de cette ville, le Haut Quercy, pays de causses, est tranché de gorges, canyons et gouffres spectaculaires. Au Sud, le Quercy blanc, pays de serres sillonné de vallées et hérissé de coteaux, a déjà un parfum du Midi. Il produit des produits pour la table, vins tanniques réputés (de Cahors) et truffes…
La nature offre également des trésors souterrains. Les causses calcaires recèlent de nombreux gouffres et grottes à cristallisation. Parmi les plus spectaculaires, Padirac et Lacave en Quercy, Villars en Périgord. Ces plateaux calcaires sont entaillés par de riantes vallées qui, en Périgord, ont joué de tous temps un rôle essentiel, entre Limousin et Aquitaine. Isle, Vézère, Dronne, Auvézère, chaque rivière a sa zone d'influence. Longtemps moulins et forges ont jalonné leurs cours. La Dordogne, descendue du sommet du Massif central a la réputation flatteuse d'être une des plus belles rivières de France par la beauté des paysages traversés, des châteaux et villages bâtis sur ses berges. Cette rivière connut un important trafic de gabarres, embarcations à fond plat, descendant le bois, le papier et le charbon du Massif central vers Bordeaux et remontant des tonneaux de vin, du sel, des poissons, du sucre. Toute une société de mariniers et de pêcheurs habitait alors ses rives.
La Dordogne est la rivière des bastides et des châteaux qui s'affrontèrent pendant les nombreux épisodes de l'interminable guerre de cent ans, ceux de la rive droite relevant du roi de France, ceux de la rive gauche du roi d'Angleterre, souverain de l'Aquitaine. Le Périgord assurait donc la ligne de défense de la monarchie capétienne face aux possessions de la famille des Plantagenet. Rien ne fut épargné à la région. Cette guerre passée, d'autres suivirent, notamment celles de religions, puis de terribles épidémies, des famines, jusqu'à la révolte des croquants, paysans affamés et loqueteux, au XIXème siècle. Dans ces provinces furent édifiées, au Moyen-Âge, des "bastides", villes franches construites selon des plans bien définis, avec murs d'enceinte percés de portes et hérissés de tourelles, ruelles se coupant à angle droit, églises souvent fortifiées et halles ouvrant sur une place centrale. Créées à des fins politiques et économiques, elles connurent un développement important aux XIII et XIV èmes siècles. Aujourd'hui ces anciennes places fortes, Villefranche-du-Périgord, Monpazier, Domme, Beaumont, Lalinde, Bretenoux, etc, sont de pittoresques bourgades dont raffolent les touristes.
La plupart des manifestations populaires s'inspirent d'événements historiques, de traditions anciennes ou de productions locales : félibrées, marchés aux gras, marchés aux truffes, fêtes gastronomiques, foire du canard, du dindon, des noix, de la fraise, foire à la laitière, aux fromages fermiers, fête du couteau, des métiers anciens, etc. Des circuits de découverte ou des itinéraires à thèmes sont proposés : en Périgord, circuits des gisements préhistoriques, des grottes ornées, des châteaux, des jardins, des abbayes et prieurés, des moulins, médiéval, préhistorique, des vins, musée de la truffe… ; en Quercy : circuits des Causses, du parc naturel, des chapelles romanes, etc. Périgord et Quercy ont acquis une notoriété internationale à partir de leurs productions agricoles de qualité qui ont, tout naturellement, accompagné un art culinaire d'exception. Le grand philosophe Montaigne, né en Périgord, le qualifiait de "science de la gueule" ! Rien d'étonnant à ce qu'aujourd'hui, en France, la moitié des produits culinaires fins proviennent de ces terroirs. Rien d'étonnant qu'ici la gastronomie soit une religion et que les étapes gourmandes s'inscrivent dans la plus pure tradition française.
Hôtels et chambres d'hôtes en Périgord et Quercy